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20 avril 2024
Sainte Odette
(vers 1134-1156)

 

 

 

Sainte Véronique Giuliani

statue de la Chapelle du monastère

Véronique Giuliani, née le 27 décembre 1660 à Mercatello, dans les Marches en Italie, jouit dès son enfance d'une familiarité inouïe avec le Christ ; elle est saisie très jeune par le désir de Dieu et elle supporte mal l'indifférence des gens envers son Seigneur. A dix-sept ans elle entre au monastère des Clarisses Capucines de Citta di Castello (près de Pérouse), où elle reçoit le nom de Véronique et, à l'école de Claire, est fascinée par le Christ crucifié. Elle devient bientôt abbesse et perd son intransigeance, se montre patiente et miséricordieuse, proportionnant les exigences aux conditions personnelles des Sœurs. Sa vie d'union au Christ est si intense qu'elle est favorisée des stigmates (marques dans sa chair de la Passion du Christ) et des empreintes de la Couronne d'épines, ce qui provoque la méfiance et plusieurs enquêtes du Saint-Office de l'époque. Dans son Diario (journal), écrit par ordre de son confesseur, elle rapporte en une langue limpide et fort belle, ses multiples et singulières expériences mystiques. Elle meurt le 9 juillet 1727 et est canonisée en 1839 par le Pape Grégoire XVI.




L'Amour s'est laissé rencontrer

Parmi les illustres sœurs de sainte Claire, sainte Véronique Giuliani est sans doute l'une des plus remarquables. Elle est aussi particulièrement représentative de la réforme capucine.

Après la fondation par Maria Lorenza Longo, les monastères de Clarisses capucines se multiplièrent rapidement en Italie et c'est dans l'un d'eux, à Citta di Castello, en Ombrie, que sainte Véronique entra, en plein âge d'or de la vie capucine. Elle est considérée comme l'une des plus sublimes figures de la mystique baroque.

« Tous m'appelaient feu »

Ursule voit le jour à Mercatello d'Urbino en 1660 ; elle est la dernière d'un foyer aisé et très pieux où vécurent cinq filles dont quatre devinrent clarisses ! Dans ses écrits, elle nous a laissé mille épisodes de son enfance choyée de petite fille affectueuse et turbulente. Sa mère meurt alors qu'elle n'a que 7 ans. Adolescente adulée par son père, elle aime les divertissements mais depuis sa tendre enfance, Dieu la fascine. Très tôt, elle vit dans une étonnante familiarité avec l'Enfant Jésus et sa Mère, elle se sait aimée d'un amour de prédilection ; elle découvre l'insondable mystère d'amour et de souffrance du Christ Jésus et se sent poussée à lui rendre « sang pour sang », dans l'imitation, la compassion, l'expiation.

À 17 ans, elle entre chez les capucines de Citta di Castello et se plonge avec fougue dans sa nouvelle vie. Elle fait profession le 1er novembre 1678 sous le nom de Véronique. En 1688, elle est nommée maîtresse des novices. Mais lorsque (après bien d'autres manifestations qui nous déroutent aujourd'hui) elle reçoit le 5 avril 1697 l'impression des stigmates de la Passion, l'abbesse avertit le Saint Office.

Cela valut à sainte Véronique de multiples épreuves, des examens humiliants qu'elle supporta avec patience et douceur : elle est privée de voix active et passive au Chapitre du monastère, isolée du monde extérieur. En 1716 enfin, le Saint Office lève les interdictions : sainte Véronique est alors élue abbesse et se révèle une supérieure remarquable tant pour l'animation spirituelle de la communauté que pour son étonnant sens pratique. Elle restera à la tête du monastère jusqu'à sa mort, survenue le 9 juillet 1727 à la suite d'une attaque d'hémiplégie. Béatifiée en 1804, elle fut canonisée en 1839.

" J'écris pour obéir "

Sur l'ordre de ses confesseurs, sainte Véronique écrivit son « Diario » son journal (22 000 pages manuscrites, écrites au jour le jour et qui couvrent 37 années de sa vie) ainsi que diverses relations autobiographiques. Nous sont parvenues également quelques 500 lettres d'elle. Cet ensemble est d'une grande richesse : dans une langue sobre et belle, Véronique dépeint sur le vif, avec précision et simplicité, ses expériences spirituelles. Aux dires des spécialistes, « il n'est pas de phénomènes de l'âme et du corps, de tous ceux que dénombre l'hagiographie, qu'elle n'ait éprouvés et décrits, et elle en a expérimenté d'autres absolument inédits » (P. Lazare Iriarte).
Elle étonne les théologiens par ses intuitions doctrinales, n'hésitant pas à forger des termes nouveaux (« intrinsection ») lorsqu'elle n'a pas de mot adéquat à sa disposition. Pourtant, à certaines pages, ses propos délirants d'amour, la relation de ses pénitences cruelles, l'extravagance de son comportement, découragent facilement les lecteurs modernes.
 
" L'amour en est la cause"

Certains auteurs contemporains qui se penchent sur elle, mettent en lumière les étapes de son évolution spirituelle : l’amour inconditionnel de Dieu et des hommes en est la ligne de fond ; quant aux phénomènes spectaculaires à remettre dans le contexte d'une époque et d'un tempérament , ils se situent dans les jeunes années de Véronique. Ils culminent avec l'impression des stigmates ; à partir de cette date, la configuration au Christ crucifié ira s'intériorisant. Sa soif de pénitences sanglantes disparaîtra et se transformera en un renoncement vigilant à toute volonté propre et en don de soi joyeux à ses sœurs. Les épreuves qu'elle s'était imposées, celles qui sont venues de l'extérieur, sa docilité ardente à la volonté de Dieu, sa familiarité avec la Vierge Marie la conduisirent peu à peu à cette transformation déifiante qu'elle a décrite comme un « être avec Dieu », un « nager en Dieu ».

Actualité de Véronique

Si les grâces mystiques de sainte Véronique nous déroutent un peu, il faut souligner aussi combien elle est attachante, proche de nous. De tempérament enjoué, elle aimait rire et faire rire. Elle avait de l'imagination à revendre ; sa générosité envers les pauvres confinait à la prodigalité. Affectueuse et sensible, elle était une compagne agréable.

La vie religieuse développa et affina ces qualités. Dans les emplois qui lui furent confiés (cuisine, infirmerie), elle se montre dévouée et discrète. Responsable du noviciat puis de la communauté, elle entraîne sur les chemins de la prière et de la sainteté. Son amour des pauvres s'élargit en amour du Pauvre par excellence, le Christ Jésus, et en amour des pauvres pécheurs. Femme au coeur tendre, elle tremble devant les pénitences qu'elle est inspirée de s'infliger, mais courageuse et cocasse, elle se moque de sa pauvre nature affolée, son « humanité », comme elle la nomme : « Mon humanité regimbait sous l'aiguillon, mais je fermais l'oreille à ses lamentations et je la faisais taire à coups de pénitences. »

Avec l'évêque, les confesseurs, elle fait preuve d'une sincérité, d'une humilité et d'une obéissance bouleversantes. Perplexe sur son propre cas, elle écrit même: « Je me défie toujours de moi, d'autant que nous, femmes, sommes expertes en tromperie. Aussi laissai je tout cela comme c'est sous le regard de Dieu. »

À la fin de sa vie, parvenue au sommet de son expérience mystique, elle garde étonnamment les pieds sur terre : abbesse, elle fait construire une nouvelle aile au monastère et installer l'eau courante dans les dépendances avec un système d'avant-garde... qui fonctionnait encore en 1990 !

Fidèle disciple de François et de Claire, ses dernières paroles sont un cri d'amour triomphant, une vibrante action de grâce qu'elle veut partager avec ses sœurs :
« L'Amour s'est laissé rencontrer ! C'est la cause de ma langueur. Dites le à toutes : j'ai trouvé l'Amour ! »



 

© Monastère des clarisses capucines de Sigolsheim